Vers le Dimanche 04 décembre 2022
Vers 2eme Dimanche de l'Avent - Année A

Jean le Baptiste est un drôle de personnage. Aucun artifice vestimentaire, nul raffinement alimentaire, paroles tonitruantes. Il y a quelque chose d’excessif en lui, quelque chose même d’un peu inquiétant. Je prends le temps de le regarder en essayant d’accueillir les raisons d’un tel dépouillement. Certes je ne suis pas Jean le Baptiste et je ne suis sûrement pas appelé à vivre les mêmes excès. Mais je demande la grâce de partager sa folie pour Dieu !

Jean le Baptiste proclame son message dans le désert. En hébreu, désert se dit « midbar », c’est-à-dire « lieu désert » mais aussi étrangement par « bouche ». Ce n’est donc pas un lieu totalement vide car c’est là que la parole de Dieu peut retentir pleinement. Qu’est-ce que Dieu a à dire ? La bonne nouvelle transmise par le prophète est la suivante : « le Royaume des cieux est tout proche », il a choisi de se rapprocher de nous. Durant la journée, je peux répéter au rythme de ma respiration : « Seigneur, tu es proche et tu viens aujourd’hui encore à ma rencontre ».

Jean le Baptiste était un homme qui savait inspirer les autres. L’apôtre André que nous fêtons aujourd’hui était un de ses disciples. Et c’est pour lui et un autre disciple que Jean a désigné Jésus qui passait comme « l’Agneau de Dieu ». André est celui qui a fait confiance à Jean, puis à Jésus et qui dans le même mouvement est devenu missionnaire en appelant son frère Simon (le futur Pierre) à rejoindre Jésus avec lui. Par son intercession, je demande la grâce de devenir apôtre là où je vis et d’oser faire connaître Jésus aux autres.

Jean le Baptiste est loin d’être seul dans ce désert. Face à lui, il a une foule venant de partout – « Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain » – qui se met en route pour entendre son exhortation. Ces gens acceptent de reconnaître leurs péchés, de s’avancer pour être baptisés et d’entendre Jean parler du Messie. La parole de Dieu est efficace et salutaire pour tous. Je décide de rejoindre cette foule sur le chemin de l’Avent. Et je demande au Seigneur la grâce de me laisser toucher par ses paroles de vie.

C’est seulement à la lumière de l’amour de Dieu pour moi que je peux regarder mes ombres sans me sentir écrasé par elles. Bien sûr la conversion requiert mes efforts mais c’est l’action de Dieu qui est première : « pas sans lui, pas sans moi ». J’essaie de prendre un temps de silence ces jours-ci pour laisser remonter en moi ce qui a besoin d’être guéri et pardonné. Et si je le souhaite, je prévois un moment pour vivre le sacrement du pardon avant Noël.

François-Xavier que l’Eglise célèbre en ce jour a un air de Jean le Baptiste. En effet il est parti pour les terres d’Asie habité du même feu. Comme le prophète, il n’a pas ménagé ses efforts pour préparer les chemins du Seigneur au cœur de ces cultures lointaines. Il n’a pas cessé non plus d’inviter ses interlocuteurs à se convertir et à se faire baptiser. Par son intercession, je demande au Seigneur la grâce d’aller à la rencontre des autres, en particulier les plus lointains.

Jean le Baptiste reste un drôle de personnage. Son humilité est aussi grande que sa vigueur pour appeler à la conversion. Il ne se prend ni pour Dieu ni pour le messie. Il n’attire pas les gens à lui : il laissera d’ailleurs ses disciples aller vers Jésus. Il « roule » pour un plus grand que lui qui met le feu dans son cœur et sur la terre. Dans l’assemblé que nous formons le dimanche ou dans les gens rencontrés dans la vie quotidienne, nous pouvons reconnaître cette foule qui était face à Jean le Baptiste. Comme à son époque, beaucoup sont à la recherche d’un salut et d’une paix durables. Mais parfois les épreuves de la vie, le poids des habitudes ou le péché des chrétiens détournent un certain nombre de cette recherche et du contact avec l’Eglise. A nous d’être créatifs et suffisamment aimants pour leur donner envie de croire en ce Dieu de bonté. Demandons au Seigneur d’être, comme Jean le Baptiste, porteurs de son feu.