Vers le Dimanche 24 avril 2022
Vers le Dimanche de la Miséricorde – Année C

« Christ est ressuscité ! » Après Pâques, ce cri de joie nous semble aller de soi aujourd’hui. En effet, tout ne s’arrête pas avec la passion et la mort de Jésus. Au contraire, la croix indique un passage : de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, de la peur à la joie. Or, les disciples sont dans la crainte et tiennent les portes verrouillées. La joie de la résurrection est un don que seul Dieu peut donner. Seigneur, permets-moi d’entrer dans la joie. Viens déverrouiller les portes de ce qui me tient prisonnier de la peur et de la tristesse.

A trois reprises Jésus dit à ses disciples : « La paix soit avec vous ! ». Le premier fruit de la vie spirituelle est ainsi la paix. La seule présence du Christ ressuscité rassure, apaise et pacifie mais aussi guérit les blessures, libère des inquiétudes, change la douleur en une joie douce et profonde, unifie et construit l’unité. Seigneur, viens pacifier en moi ce qui a besoin de l’être. Fais de moi un artisan de paix auprès de ceux que je rencontre au quotidien.

La présence du ressuscité ne se réduit pas à une immobilité. Elle consiste en un appel et un envoi. Elle inscrit dans la suite du Christ : de même que le Père a envoyé le Fils, ainsi le Fils envoie-t-il ses disciples. Ce mouvement naît d’une libération, œuvre de l’Esprit Saint. C’est ainsi que nous pouvons comprendre l’invitation à pardonner. Remettre les péchés, c’est en effet reconnaître que Dieu, dans son Fils Jésus, nous libère des forces de la mort, de ce qui nous des-humanise. Seigneur, envoie-moi ton Esprit et libère mon cœur de ce qui l’empêche d’aimer

Jean nous présente Thomas comme s’appelant « Jumeau », mais sans nous en dire plus sur la présence ou non d’un tel frère. Pourrait-il dès lors s’agir de Jésus lui-même ? Toute vocation chrétienne consiste à se laisser configurer au Christ ressuscité, à participer à la Vie de celui-ci comme un frère adoptif, fils d’un même Père. Paradoxalement, c’est de cette configuration que naît l’unicité de notre identité. Seigneur, sois le compagnon de ma route : de ce qu’il y a de beau dans ma vie, comme de ce qui est éprouvant.

L’évocation des plaies nous ramene brusquement à la passion du Christ. Vouloir y mettre ses mains et son doigt suscite presque du dégoût et invite à prendre ses distances. Et pourtant, c’est bien à la proximité que Thomas est convoqué. La résurrection elle-même est incarnation et le toucher est le sens par excellence qui le signifie. Si la résurrection est ce que l’on ne peut voir, elle n’en demeure pas moins réelle, physique. Elle se fait chair. Seigneur, donne-moi de saisir dans mon corps les fruits de la résurrection. Viens recréer ce qui, en moi, est sans vie.

Faire confiance, c’est croire ce que l’on voit. Or la foi en Jésus ressuscité suppose de faire un saut dans la foi : de croire au-delà de ce qui est sensible, de ce que l’on voit comme de ce que l’on entend. Thomas est ainsi appelé à une foi qui se situe au-delà de la foi et qui est source de joie : « heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Seigneur, à la suite de Thomas, donne-moi de te reconnaître comme « mon Seigneur et mon Dieu ». Être avec toi cela me suffit : donne-moi de goûter la joie de ta présence.

Ne pas relater tous les signes du Christ ressuscité invite à penser que l’on peut continuer à les dénombrer, aujourd’hui. Ceux qui ont été écrits l’ont été dans un but précis : « pour que vous croyez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant vous ayez la vie en son nom. » Vivre en plénitude, tel est le dessein d’amour de Dieu pour l’humanité. Reconnaître cela, c’est accepter de se recevoir de Dieu : se laisser regarder, se laisser aimer, accueillir l’être et la merveille que je suis aux yeux de Dieu. En ce jour de la divine miséricorde, nous te prions Seigneur pour que le monde croie que Jésus est le Fils de Dieu, qu’en lui est la vie et la source de toute vie.