Vers le Dimanche 09 juillet 2023
Vers le 14e Dimanche du temps ordinaire – Année A

« Qui a perdu sa vie à cause de moi la gardera », affirmait Jésus dans l’évangile d’hier. Difficile à entendre ? Ça tombe bien : à l’orée de cette nouvelle semaine, l’Église fête Thomas, surtout mis en exergue dans l’évangile de Jean et dont les doutes exprimés après la résurrection de Jésus nous sont déjà bien familiers, dans notre vie quotidienne. Puis-je complètement faire crédit à la Parole de Dieu ? Seigneur, viens-moi en aide quand je suis si lent à croire.

Dieu se révèle… et demeure « caché ». Insondable mystère que celui de la sagesse de Dieu, qui nous fait proclamer, comme dit Paul dans la première lettre aux Corinthiens, « ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Co 2, 9). La sagesse de Dieu, à savoir la force de sa faiblesse, ne peut « s’acquérir », elle se reçoit. Je médite sur ce que m’inspire la « sagesse de la croix ».

C’est aux « sages et aux savants » que Dieu demeure caché. L’évangile en cite plusieurs, comme les scribes et les grands prêtres. À l’inverse, Nicodème (Jean 3), même si ça lui est difficile et un peu laborieux, accepte petit à petit de se laisser transformer par la parole de Jésus. Aujourd’hui, une intelligence ivre d’elle-même reste un puissant obstacle à l’accueil de la Révélation. Aussi, le patrimoine intellectuel reçu de ma famille, mon milieu social, les diplômes qui lui sont associés peuvent sembler des leviers qui m’assureront une place dans l’existence autrement plus fiable que l’adhésion à l’Évangile. Seigneur, éclaire-moi sur mes pseudo-sécurités.

Qui sont les « tout-petits » ? Jésus lui-même, le premier. Homme, né dans une famille humble, loin des centres de décision qui « comptent » à son époque, le message de paix qu’il porte est indigne de retenir l’attention des faiseurs d’empires et de guerres. Les tout-petits sont ceux qui lui ressemblent, à qui est accessible, (plus qu’aux « savants ») l’unité si forte entre le Père et le Fils : nul accès respectif au Père et au Fils sans passer par l’autre. Dépouillé de mon intelligence, je m’efforce de contempler ce lien entre les deux personnes de la Trinité… et me souviens que je suis invité à les rejoindre : « venez à moi ».

« Peiner sous le poids du fardeau ». De quoi s’agit-il ? De la Loi, bien difficile à suivre. Aussi, Jésus est venu appeler les pécheurs, qui bien souvent vivent une sorte de double peine : au poids de leur faute objective s’ajoute un sentiment d’exclusion, d’humiliation. Il y a aussi le fardeau, où ma responsabilité n’est pas engagée, d’une vie dont les conditions matérielles ont été rendues difficiles : les inégalités, l’inflation et le coût de la vie, l’insalubrité, le mépris subi… Quelles sont les facettes du fardeau que je porte ?

Jésus promet un joug « léger ». Étrange oxymore, que je laisse imprégner mon esprit. Jésus me propose de me faire, avec lui, complètement enfants du Père : prendre conscience que ma valeur est inestimable aux yeux de Dieu, que je suis infiniment aimable, que je suis d’emblée reconnu sans avoir à « faire mes preuves » auprès des autres et que je peux, comme le Père, profiter du repos du sabbat… Porter le joug du Christ, c’est entrer dans une qualité d’existence telle que je ne pouvais l’imaginer. À la folle prétention de « me faire faire moi-même » succède une vie libérée et libérante. Merci Seigneur.

Qui célébrons-nous le dimanche, à la messe ? Un roi « juste et victorieux », selon le prophète Zacharie (1^ère lecture). Sa monture, n’est pas « royale » : un ânon… Nous sommes loin des chevaux de guerre ou des chars d’apparat… C’est pourtant lui qui est appelé à dominer jusqu’aux extrémités de la terre, parce que la paix qu’il apporte désarme toute violence. Pour commencer par l’admettre, il nous faut vivre selon l’Esprit et non « selon la chair », selon la distinction opérée par Paul dans la lettre aux Romains (deuxième lecture). C’est à des conversions personnelles mais aussi communautaires (paroisse, diocèse, l’Église entière) que nous sommes conviés, pour nous faire « tout-petits » et ainsi en mesure de seulement recevoir le Christ.