Vers le Dimanche 06 mars 2022
Vers le 1° Dimanche de Carême – Année C

Au moment de son baptême dans le Jourdain, Jésus a reçu une grande confirmation. Il est bien le Fils bien-aimé du Père et l’Esprit va désormais le conduire. Quelle grande joie quand on fait l’expérience d’être aimé sans condition. Avant d’entrer en Carême, moment d’ajustement souvent exigeant, je fais mémoire des moments de ma vie et des liens qui me font me sentir aimé et aimable. Et je rends grâce au Seigneur pour son amour qui chaque jour me renouvelle.

Personne ne choisit de lui-même d’aller au désert, pas même le Christ. C’est l’Esprit qui l’y conduit et l’accompagne dans cette aventure le faisant descendre dans les profondeurs parfois troubles de l’âme humaine. Jésus ne fuit pas ses déserts, c’est-à-dire les ombres de son existence. Il se laisse faire et prend le risque d’avancer avec l’Esprit. Je demande la grâce d’être conduit comme lui par l’Esprit, en particulier dans les moments où je suis dans le doute et le combat.

Aujourd’hui, l’Eglise invite à jeûner. Le jeûne est le moyen le plus simple pour expérimenter combien on est souvent esclave de ses besoins et de ses envies. Bien sûr que manger est une activité nécessaire. Mais comment ne pas oublier trop vite que « l’homme ne vit pas seulement de pain ». Mais il y a sûrement d’autres choses bonnes en soi qui nécessitent de jeûner : internet, portable, télévision, sorties, voyages… Il ne s’agit pas de se priver pour se priver mais de gagner en liberté. Je demande à Dieu sa lumière pour repérer ce qui nécessite le jeûne dans ma vie et je lui demande sa force pour entrer dans le jeûne avec joie.

Jésus n’est pas seul dans son désert. Comme un vautour, l’adversaire s’approche de lui quand la faim se fait sentir. Le démon en rajoute toujours dans nos moments de faiblesse. Et c’est justement dans ces moments-là qu’il importe de s’appuyer sur le fait qu’on est le fils ou la fille bien aimée de Dieu. Loin de nier  les forces de mort qui nous traversent, il faut apprendre à ne pas leur faire de place. Je confie au Seigneur tous mes moments de faiblesse et de découragement.

Par trois fois, l’adversaire met en doute le fait que Jésus soit Fils de Dieu, ce qui était la révélation du baptême dans le Jourdain juste avant notre scène. Le démon ne ménage pas Jésus, il l’attaque frontalement sur son identité filiale. De plus, il manipule la Parole de Dieu pour arriver à ses fins. C’est donc une étrange passe d’armes – une disputatio – qui nous est racontée-là. Mais Jésus ne perd pas pied car il s’est positionné dans la vérité et dans la foi. Je choisis de me positionner comme Jésus contre le mensonge et la défiance en moi et autour de moi.

Ces premiers jours de Carême peuvent être l’occasion de repenser au Carême précédent. Qu’est-ce qui s’est passé dans ma vie, dans l’Eglise, dans le monde depuis l’an passé ? Comment le Seigneur s’est-il donné à voir ? Comment ai-je grandi ? Qu’est-ce qui a été plus difficile ? Je peux aussi formuler une demande : quelle conversion j’appelle de mes voeux cette année ? Quelles grâces je demande pour avancer dans mes rapports avec Dieu, avec les autres et avec moi-même ?

La dernière attaque de l’adversaire porte sur la posture intérieure de Jésus. En effet, l’emmenant sur une très haute montagne, il l’invite à régner sur le monde et à se prosterner devant lui. Si l’artifice est gros, la tentation d’être servi plutôt que de servir est tenace. Cette tentation nous travaille souvent tant il est facile de se faire servir et de se prosterner devant des choses qui donnent l’illusion du pouvoir. Le Carême nous conduira justement jusqu’à la Semaine Sainte où Jésus choisira de porter le tablier, de ne pas exercer son pouvoir et de se laisser conduire au désert de la Croix. Demandons au Seigneur d’apprendre de lui comment être conduis ensemble par l’Esprit vers une attitude de service joyeux et libre. L’avenir de nos communautés et du monde dépend de cette conversion personnelle et communautaire.