Vers le Dimanche 31 juillet 2022
Vers le 18ieme Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Entre cet inconnu sorti du milieu de la foule qui réclame son héritage et saint Jacques que nous fêtons aujourd’hui et qui voudrait siéger à la droite de Jésus, le Seigneur est assailli de demandes bien farfelues. Et il peut bien nous arriver de faire de même. Il nous faut sans cesse passer nos pétitions au crible de la Passion et de la Résurrection du Christ : auraient-elles encore du sens au pied de la Croix ? Jésus, donne-moi de devenir comme Jacques un véritable disciple prêt à être baptisé du même baptême que toi (Mc 10, 35-40).

Il ne faut pas douter de la sincérité de cet homme : il veut que son frère partage avec lui leur héritage, quoi de plus normal ? Mais voilà, si Jésus parle bien souvent d’argent, c’est pour nous rappeler de le garder à distance, de ne pas en faire le tout de notre vie… Alors, il ne résoudra pas le problème mais il invite à réfléchir… Est-ce que je laisserai des histoires d’héritage déchirer les liens avec mes frères et sœurs ? Suis-je avide ? Seigneur, aide-moi mettre les choses à leur place.

« La vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède »… combien de fois me suis-je laisser prendre au piège de penser que celui qui est plus riche est plus important que moi ? Ou même, et cela peut arriver inconsciemment, que je suis plus important que celui qui est plus pauvre que moi ? N’est-ce pas cela que nous acceptons quand nous laissons nos autorités lacérer les tentes des personnes sans domicile de nos villes ou nos frontières ? Seigneur, aide-moi à voir la beauté de toute vie humaine, aussi pauvre soit-elle.

« Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence »… ce sentiment d’être « arrivé », d’avoir fini ce qu’il y avait à faire, n’est-ce pas la négation de la vie même ! Même mourant et sans le sou, nous pouvons encore par une parole, un sourire, une simple pression dans la main communiquer la vie, et cela pourrait être l’acte le plus important de notre vie ! Seigneur, ouvre des chemins dans mon cœur pour que je ne me sente jamais « arrivé ». Donne-moi cet équilibre délicat entre l’acceptation de mes impuissances et la conviction que tu attends toujours quelque chose d’autre de moi.

La vie et la mort emportent tous nos plans, même les mieux renseignés. Il est un peu passé de mode de penser à « préparer » notre vie éternelle. S’il est vrai que faire comme si nous comprenions la mort n’est pas très raisonnable, il n’est pourtant pas inutile de nous rappeler cette belle habitude des moines et moniales qui chantent chaque soir avant d’aller dormir « entre tes mains, je remets ma vie ». Seigneur, donne-moi d’accepter dans la paix que je suis mortel.

« Ce que tu auras accumulé qui l’aura ? » Et si ce texte nous invitait aussi à réfléchir sur la question de l’héritage. Comment recevoir un héritage ? Si je le prends comme un dû, n’est-ce pas au fond pour redonner du sens à l’accumulation dont Jésus vient de nous dire l’inutilité ? Et si j’accepte que ce soit au contraire un don, cela ne m’invite-t-il pas à le partager ? Partager les souvenirs avec ceux qui ont aimé celui qui vient de partir, partager l’argent aussi avec d’autres, accepter enfin avec joie, si cela m’est demandé, de contribuer par l’impôt à la vie de la communauté. Seigneur, aide-moi à vivre ces moments avec un juste rapport à l’argent.

L’évangile se termine avec cette invitation à être « riche en vue de Dieu », c’est un peu mystérieux… Mais si nous lisons le début de la phrase, nous pouvons mieux comprendre : l’opposé de la « richesse en vue de Dieu », c’est « d’amasser pour soi-même » ! Nous pouvons nous rappeler cette invitation au jeune homme riche « va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis, viens, suis-moi ». Alors, si je ressemble un peu au jeune homme riche qui ne veut pas tout lâcher, comment puis-je au moins lâcher en partie ? Comment notre manière de gérer en Eglise ce que nous avons n’est-elle pas une manière d’asseoir notre autorité sur les autres ? Comment sommes-nous vraiment là pour les autres ? Seigneur, apprenons-nous à être toujours plus des hommes et des femmes pour les autres.