Vers le Dimanche 02 octobre 2022
Vers le 27ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Ce dimanche, nous entendrons les Apôtres demander au Seigneur quelque chose qui leur tient beaucoup à cœur. Mais pourquoi le lui demander, puisque le Seigneur devrait déjà savoir ce dont ils ont besoin ? Nous pouvons souvent entendre cette objection : à quoi sert-il de demander, Dieu sait tout ! Et pourtant, Jésus demande souvent aux personnes qu’il croise « que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il souhaite entendre de notre bouche ce que nous attendons vraiment de lui. Aujourd’hui, comme tous les jours de la semaine, je demanderai au Seigneur ce que je veux et désire. Du coup, cela vaut le coup de réfléchir avant de parler…

La demande des Apôtres étonne. Eux que nous pourrions avoir tendance à croire super-croyants, pleins de foi, à en revendre, toujours dans la confiance, jamais dans le doute… Patatras ! Eux aussi, comme chacun d’entre nous, n’ont pas d’emblée une foi immense, solide, bien ancrée… Par expérience, en suivant Jésus, ils se rendent compte de leur peu de foi… Trop insuffisante, pensent-ils, pour tenir leur rôle d’Apôtre. Ce mardi, dans ma prière, je fais mienne cette demande des Apôtres pour moi, mes amis, ma famille… : « Augmente-en nous la foi ! » Je peux même formuler cette demande plusieurs fois dans la journée.

La réponse de Jésus étonne. L’essentiel, selon lui, n’est pas d’avoir une foi augmentée. Un tout petit peu de foi suffit… Mais nous avons sans doute du mal à le croire… Je profite de la journée pour m’interroger sur ma foi : comment je la trouve ? Petite ? Chic ! Grande en comparaison de celle des autres ? Aïe ! Faible ? Alors, j’ai des chances de devenir Apôtre !

Parler à un arbre : même les écologistes les plus fervents hésiteraient un peu ! Mais là, c’est encore plus déraisonnable : c’est demander à un arbre (symbole de la vie et de l’abondance, à Noël comme au Paradis) de se planter dans la mer (symbole par excellence de la mort, surtout pour ceux qui ne savent pas nager). Telle est la parole que la foi (petite) autorise : planter la vie dans la mort. La foi affronte ce qui empêche de vivre et elle en triomphe. Je contemple avec mon imagination un arbre planté dans la mer. Et je laisse cette image me faire du bien.

Jésus poursuit son enseignement pour les Apôtres en racontant une histoire de serviteur (il faudrait traduire par esclave, mais le mot est sans doute trop fort dans la langue française). Jésus se présente aussi comme celui qui sert, qui prend la tenue d’esclave. Être au service du royaume, voilà ce qui compte pour lui, et qui devrait compter pour nous. Être au service, peu importe le reste. Et moi, dans ma vie, qui est-ce que je sers ? Au service de qui, de quoi, est-ce que je vis ?

Jésus pousse encore plus loin l’image du serviteur. Ce dernier ne fait qu’exécuter les ordres de son maître. Ce dernier ne lui demande rien qui excède ses compétences. Un esclave fait son boulot. Un point c’est tout. Il n’a pas de reconnaissance particulière à attendre de son maître. Il fait ce qui lui est ordonné de faire sans attendre la moindre récompense. Cette vision des choses est évidemment datée. Le hic, c’est que Jésus l’applique aux Apôtres : il leur demande de se considérer comme des simples serviteurs qui ne font que leur devoir. Je laisse ces propos de Jésus me surprendre, voire me choquer. Moi, un serviteur quelconque (inutile disait les anciennes traductions) ? Jésus, explique-moi ce que tu attends de moi.

Cet évangile recèle plusieurs bonnes nouvelles. Il y a tout d’abord la puissance de notre foi qui n’est aucunement liée à sa quantité, son énormité ou sa quantité. Un peu de foi suffit pour déplacer un arbre dans la mer. Inutile de mettre notre énergie à avoir beaucoup de foi. Demandons plutôt au Seigneur d’avoir foi en notre peu de foi ! Ensuite, il y a la posture du serviteur qui nous libère de tout exploit pour mériter reconnaissance de la part du Seigneur. Sa reconnaissance, elle nous est déjà acquise par le baptême : nous sommes sauvés, adoptés, aimés sans condition. Quelle libération ! Sa reconnaissance, il nous la manifeste chaque dimanche en nous invitant à sa table. Alors, entraînons-nous comme simples serviteurs à aimer et à servir comme Jésus l’a fait.