Vers le Dimanche 17 juillet 2022
Vers le 16ieme Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Jésus a décidé de monter à Jérusalem pour accomplir jusqu’au bout sa mission (Lc 9, 51). Cette montée n’est pas de tout repos car il s’affronte de plus en plus avec les pharisiens. Voici donc qu’il fait une pause, sans les disciples, auprès de deux femmes, deux sœurs : Marthe et Marie. Je regarde Jésus entrer dans le village et comment il est reçu. C’est l’occasion de rendre grâce pour les lieux et les relations où je peux me poser moi aussi. Ou c’est occasion de prendre les moyens de le faire, en particulier en ce temps d’été.

Marthe et Marie nous sont bien connues. On les retrouvera à un moment important de leur vie familiale : la mort de leur frère Lazare et sa résurrection par Jésus (Jn 11). Saint Jean nous rapporte la profonde affection de Jésus pour cette fratrie : « il les aime » et se montre très ému par la mort de Lazare. Notre texte semble se situer au tout début de cette relation, Lazare n’étant même pas nommé. Mais la scène révèle déjà une grande simplicité dans les échanges. Je demande la grâce de cette simplicité dans les rencontres de ce jour et dans ma relation au Seigneur.

Avoir des frères et des sœurs peut être une vraie bénédiction. Mais quel défi que la fraternité. Un danger guette toujours : la comparaison, pouvant aller jusqu’à l’accusation. De fait, Marthe ne s’adresse pas directement à sa sœur pour lui dire qu’elle a besoin d‘aide. Non, elle prend leur invité à témoin et lui rappelle qu’elle ne fait pas les choses comme il faut. Les deux soeurs veulent accueillir Jésus au mieux mais chacune le fait à sa manière et une certaine compétition se fait jour. Je confie au Seigneur mes frères et mes sœurs ou les « pairs » qui jouent ce rôle dans ma vie et je nomme ce qui est difficile dans ces liens.

Cette page d’évangile a été souvent commentée car à travers Marthe et Marie, on découvre deux postures : servir et écouter. La tentation habituelle est de les opposer et d’entendre dans les paroles de Jésus une « condamnation » de l’attitude de Marthe. C’est plus subtil que cela. Il s’agit de ne pas être accaparé par les multiples occupations du service ni d’être agité. Je peux essayer aujourd’hui de vivre de la même énergie que Marthe en choisissant de ne pas m’inquiéter inutilement ni de porter les choses comme si tout dépendait de moi.

Jésus souligne néanmoins la pertinence de la posture de Marie, assise à ses pieds pour écouter sa parole. Je peux entendre là une invitation à me laisser enseigner par le Christ et à méditer sa parole. On le sait, le danger est grand d’être uniquement dans le « faire » et le service pour les autres et pour Dieu, sans être connecté à sa parole et aux sacrements. Je présente au Seigneur mon désir de l’écouter et de m’arrêter régulièrement pour lui faire de la place dans ma vie. 

Jésus montre beaucoup de délicatesse dans sa correction fraternelle, c’est-à-dire dans cette parole où il interpelle Marthe. Suis-je moi aussi capable de dire délicatement aux autres ce qui peut être blessant dans leurs actes et leurs paroles ? Suis-je capable de recevoir des « reproches » fraternels ? Je demande au Seigneur de m’aider à avoir un cœur suffisamment aimant et « libre intérieurement » pour parler avec justesse et accueillir la parole de l’autre.

L’Eucharistie du dimanche est un moment privilégié où l’on peut honorer en même temps nos deux dimensions de Marthe et Marie. En effet, c’est un temps où l’on se laisse enseigner par la parole du Seigneur. Et c’est aussi un espace où l’on peut « relire » les actions de la semaine écoulée et préparer intérieurement la semaine qui commence. Reconnaissons que nous ne sommes pas chacun, de manière identique, des Marthe et des Marie. Cela dépend grandement de notre caractère, du moment de notre vie ou des circonstances tout simplement. Demandons au Seigneur d’être transformés par les charismes des deux sœurs et d’être ses témoins auprès de tous par notre sens du service comme par notre capacité à écouter.