Vers le Dimanche 16 avril 2023
Vers le 2° Dimanche de Pâques (Miséricorde) – Année A

Cette semaine, ce sera Pâques chaque jour ! Du lundi au samedi, nous ferons mémoire de « ce premier jour de la semaine ». Et comme souvent dans la Bible, tout commence « le soir venu » comme s’il y avait de la Création dans l’air, quelque chose de neuf, de premier, d’essentiel, de nouveau à venir. Une lumière inattendue va se lever. Ce soir, je prie dans une pièce, portes closes, avec les disciples. Ils sont encore sous le choc de la mort de Jésus. Moi aussi. Et je prie : « Mort, où est ta victoire ? » Comme un veilleur, j’attends l’aurore du jour nouveau. Alléluia.

Les disciples sont dans la crainte (peur d’y passer eux aussi comme leur maître ?). Ils sont verrouillés dans la peur. Leurs cœurs sont comme les portes, fermés, sans doute à double tour pour plus de sécurité. Et Jésus vient. Il est là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Je regarde la scène. Je sens la crainte, j’entends la paix. Jésus montre ses mains et son côté. Les blessures sont toujours là. Elles ne sont plus mortelles. Contemplant cette rencontre inattendue, je laisse la joie me remplir. Alléluia.

Jésus continue de surprendre, comme à son habitude. Son premier mot n’est pas un reproche. Point de critique dans sa bouche, mais une paix donnée. « La » paix. Ensuite une invitation à vivre comme lui : envoyé du Père. Enfin, un geste : un souffle. Première image invisible de l’Esprit Saint. L’Esprit a la capacité de restaurer le lien de tout humain avec le Père (les péchés rompent justement ce lien vital car filial). Dans ma prière, je vois Jésus Ressuscité souffler sur ses disciples. J’entends le bruit du souffle qui envoie au large et restaure le lien filial. Alléluia.

Un des Douze manquait au soir du premier jour de la semaine. Thomas avait-il trop peur pour venir retrouver les autres dans leur chagrin ? Sa remarque est bonne. C’est seulement la vision de la marque des clous et du côté ouvert qui pourra lui faire croire ce que les autres lui disent : « Nous avons vu le Seigneur. » Lui, Thomas, veut voir les plaies pour être certain de rencontrer Jésus Crucifié et non pas un fantôme ou une doublure qui se ferait passer pour Jésus Ressuscité. Je prie avec saint Thomas pour ne pas avoir peur de voir les blessures profondes du monde (et celles de mon histoire). Le chemin de la foi passe par là. Alléluia.

Huit jours plus tard, Thomas est là et Jésus de nouveau au milieu d’eux. Les portes sont curieusement encore fermées. La crainte resterait-elle tenace malgré la première rencontre ? Jésus accède à la demande de Thomas. Pourquoi ? Pour qu’il passe de l’incrédulité à la confiance en la parole entendue de ses amis. Dans ma prière, je regarde la manière dont Thomas avance sa main dans les plaies. J’entends ce qu’il dit à Jésus. Et je peux dire la même chose en avançant ma main vers le Crucifié Ressuscité. Alléluia.

La scène se termine par une béatitude adressée à ceux qui croient sans avoir vu, autrement dit à ceux qui croiront en faisant confiance à la parole d’autres, par exemple à ce que les évangiles racontent. La foi naît de l’écoute de la parole. Et cette expérience procure un vrai bonheur. Combien attendent néanmoins de voir de leurs yeux des miracles, ou au moins un petit signe, pour croire. Je fais mémoire des paroles que j’ai entendues et qui m’ont ouvert à la joie de croire. Alléluia !

La miséricorde du Seigneur se fête aujourd’hui. L’évangile nous a fait entendre des paroles de miséricorde et non de jugement ou d’accablement à l’égard des disciples, paralysés de peur, ou de Thomas, l’étonnant absent du premier jour. Aucune parole dure, mais des mots suaves et des gestes délicats qui font du bien. Même Thomas n’est pas d’abord tancé mais seulement repris après que ses yeux aient vu l’incroyable. Il en est de même pour nous : pas de reproche mais une béatitude. Une invitation à croire en faisant confiance aux récits des autres. La messe fait partie des récits qui font entrer en relation, et même en communion, avec le Crucifié Ressuscité. L’enjeu ? Avoir la vie en son nom. C’est-à-dire entrer en résurrection nous aussi.