Vers le Dimanche 14 août 2022
Vers le 20ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Le dernier dimanche de juin, il nous était précisé que Jésus prenait la route de Jérusalem « le visage déterminé ». L’évangile de dimanche prochain, comme tout l’été, est dans la continuité de ce mouvement. Jésus sait qu’il va vers sa Passion, et il y va, résolu à continuer à annoncer la Bonne Nouvelle à celles et ceux dont il croise le chemin, quitte à déplaire ou à être incompris. Pour ouvrir cette semaine, je m’imagine Jésus : il bat la campagne, il rencontre des gens de tous horizons, il enseigne ses disciples, il suscite l’adhésion ou la controverse. Qu’est-ce que cela suscite en moi ?

Jésus est venu allumer un feu. Un feu, ça réchauffe, on se rassemble autour pour partager à la veillée ; un feu, ça se propage plus ou moins vite et loin, selon la force du vent (on en sait quelque chose en cet été caniculaire !). Le feu que Jésus est venu allumer, c’est le feu de la Bonne Nouvelle d’un Dieu qui se tient au côté des hommes, jusqu’à se faire l’un d’entre eux, pour qu’ils deviennent comme Lui. Je contemple aujourd’hui la propagation de ce feu, depuis 2000 ans, et je m’interroge sur la manière dont la Bonne Nouvelle me brûle et comment je suis humble acteur de cette propagation.

Jésus est conscient qu’il va vers la mort – il l’a déjà annoncé à ses disciples – mais de cette mort, la vie lui sera rendue en abondance par son Père. C’est précisément ce qu’il dit à nouveau à ses disciples, en parlant du baptême dont il doit être baptisé. En ce jour où nous fêtons le martyre du diacre Laurent (III° s.), je médite sur ces hommes et ces femmes qui, à la suite de Jésus, ont donné leur vie par amour de Dieu et des hommes. Y a-t-il un saint qui me marque davantage ? Je me confie à son intercession.

Le début de l’évangile donne un sentiment d’urgence, d’ardeur. Est-ce parce que, comme nous, le Seigneur se sent pris par le temps, mis dans l’urgence ? N’est-ce pas plutôt parce que ce feu qu’il vient allumer et ce baptême qu’il va vivre dans sa Passion sont les moyens du salut pour les hommes ? Et qu’il attend l’un et l’autre ardemment afin que le salut vienne plus vite ? Occasion pour moi durant ce jour de m’interroger sur mon propre rapport au temps et à l’urgence, en ce temps propice des vacances.

Jésus annonce qu’il n’est pas venu apporter la paix, mais la division. Sans doute parce que ce qu’il annonce est un message totalement nouveau qui – par sa radicalité – bouscule nos habitudes et notre train-train. La paix qu’il apporte est une paix qui ne fait l’impasse ni sur la vérité ni sur la justice ni sur la charité. Je suis invité à méditer sur tel ou tel aspect de la foi qui me bouscule, me travaille intérieurement dans le bon sens du terme. Peut-être est-ce là que le Bonne Nouvelle fait précisément son chemin en moi…

Il n’est pas anodin que Jésus décrive ces divisions qu’il apporte en les situant dans le cercle familial. Plusieurs passages des évangiles (quand, à douze ans, il reste au Temple à l’insu de ses parents ; quand il dit que sa famille, ce sont ceux qui font la volonté de son Père…) témoignent de la manière dont Il vit ces relations. Sa posture a quelque chose d’exigeant et de douloureux car il s’agit de rester en lien sans être « lié » au sens de « enchaîné ». Je fais mémoire de ma famille et je réfléchis à ma manière d’être lié à elle, en cherchant à faire le tri entre ce qui est juste et ce qui est moins juste dans ces liens, et j’en parle en confiance au Seigneur.

L’Evangile de ce dimanche donne à voir Jésus au cœur de sa mission, qui consiste à annoncer la Vie avec un grand V. Cette Vie dont il est lui-même habité n’est pas une existence faite de demi-mesure ou de compromissions. Non, cette Vie brûle celui qui lui ouvre son cœur, l’appelant à des renoncements qui libèrent et à une option radicale pour l’amour du Seigneur et du prochain. De tels renoncements, de telles options peuvent susciter incompréhension et rejet, mais c’est un risque à prendre et le prix à payer. Le risque de la Vie, le prix de la Vie ! Laissons-nous aujourd’hui saisir par ce feu, et questionnons-nous : à quelles chaines devrions-nous renoncer pour être davantage des vivants ? A quel pas nous sentons-nous invités personnellement et comme communauté de croyants libres, au service de la Vie ?