Seigneur Jésus, apprends-moi ta manière de regarder : comment tu as regardé Pierre pour l'appeler à ta suite ou pour le relever après sa faute, ou comment tu as regardé le jeune homme riche qui ne s'est pas décidé à te suivre, ou comment tu regardais avec bonté les foules qui se pressaient autour de toi, ou comment tu regardais avec colère les Pharisiens. Je voudrais te connaître comme tu étais : ton image devant moi suffirait à me changer. Le Baptiste est resté subjugué par sa première rencontre avec toi; le centurion de Capharnaüm s'est senti écrasé par ta bonté; et un sentiment de stupeur et d'émerveillement envahissait ceux qui étaient témoins de tes miracles. Le même saisissement frappe tes disciples; et, au Jardin des Oliviers, la soldatesque terrorisée tombe à terre. Pilate se sent incertain, et son épouse est effrayée. Le centurion qui te voit mourir proclame ta divinité alors même que tu rends l'âme. Je voudrais te voir comme Pierre qui prend conscience devant toi de sa condition de pécheur, alors qu'il est frappé d'étonnement devant la pêche miraculeuse. Je voudrais entendre ta voix comme dans la synagogue de Capharnaüm ou comme sur le Mont des Béatitudes, ou quand tu t'adressais aux foules “enseignant avec autorité”, une autorité qui ne pouvait venir que du Père. Fais que nous soyons ainsi tes disciples dans les choses les plus grandes et dans les choses les plus modestes, que nous soyons, comme toi, totalement voués à l'amour du Père et à l'amour des hommes, nos frères, nous sentant très proches de toi, car tu t'es abaissé jusqu'à nous, en même temps que si éloignés de toi, Dieu infini. Donne-nous cette grâce : fais que le sensus Christi anime toute notre vie et nous apprenne à agir conformément à ton esprit – y compris dans les choses extérieures. Pedro Arrupe, 1979 Ecrits pour évangéliser, Collection Christus n°59, DDB, 1985, p.433-436.