Topo - 4ème dimanche de l'Avent 2024

« Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Lc 1, 39-45

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Pendant ces quatre semaines qui nous mènent à Noël, nous vous inviterons à méditer, à prier et à réfléchir à partir du thème : Combattants d’espérance avec Jésus à Noël.
Ecoutons l’évangile de ce quatrième et dernier dimanche de l’Avent qui nous fait contempler la rencontre à la fois intime et vertigineuse entre Marie et sa cousine Elisabeth. Oui, rien n’est impossible pour Dieu.
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. ».
Texte liturgique © AELF, Paris
Noël approche, on le sent, on le voit à travers l’effervescence autour de nous et à travers tous les préparatifs qui avancent. Mais on le sait aussi, cette effervescence peut cacher une excitation superficielle, un sentiment mondain. Cela peut nous éloigner de l’essentiel et donc plus que jamais nous avons à plonger dans le cœur de la foi, de l’espérance et de la charité pour ne pas oublier quel est le message de Noël : ensemble, devenons Combattants d’espérance avec Jésus à Noël.
Rappelons-nous le chemin parcouru depuis quelques semaines. La première semaine de l’Avent, nous avons été éveillés au thème du Combat, à l’expérience que Noël est le lieu où lumières et ténèbres s’entrechoquent. Durant la deuxième semaine et la troisième semaine, nous avons cheminé avec Jean le Baptiste, d’abord en avançant pas à pas dans une dynamique d’Espérance qui nous a invité à découvrir le salut de Dieu pour tous. Puis, toujours avec Jean, nous avons compris l’importance du partage et nous avons reçu l’invitation à être « avec Jésus » dans le partage concret avec les autres.
Ce quatrième dimanche, nous voici sur un chemin de Marie; Marie ne peut pas garder pour elle la bonne nouvelle qu’elle a reçu de l’ange : la bonne nouvelle de la venue du Messie dans le monde et dans son sein. En toute hâte, avec empressement, elle décide de rejoindre sa cousine âgée, Elisabeth, pour la soutenir dans une naissance incroyable dans son foyer à elle aussi. Le mystère relève de l’inouïe puisqu'aucune de ces deux femmes n’auraient dû être raisonnablement enceintes. Et pourtant, Dieu est à l’œuvre au cœur de leurs intimités et de leurs propres combats.
Nombre de tableaux ont représenté l’étreinte de ces deux femmes : laissons remonter à notre mémoire ces représentations. Comment nous nourrissent-elles aujourd’hui ? Prenons le temps de laisser résonner la salutation de Marie, le « Shalom Élisabeth ! » prononcé par Marie. Marie a été saluée par un ange et la voilà qui salue elle aussi dans la joie et la paix sa parente. Tout est cadeau de part et d’autre dans cette salutation et dans cette réception, dans cette hospitalité. Si c’est bien Marie qui commence l’échange, c’est Élisabeth qui vient lui révéler la bénédiction qu’elle est pour elle et pour tous ! La scène est plus déséquilibrée qu’il n’y paraît. En effet, grâce à son échange avec l’Ange, Marie sait ce qui arrive à Elizabeth. L’ange lui a donné ce signe : « Élisabeth est aussi enceinte d’un fils dans sa vieillesse (…) car auprès de Dieu, rien d’impossible ». Mais là, dans notre scène, sous nos yeux Elizabeth semble deviner ce qui arrive à Marie. Le mouvement dans les entrailles d’Elisabeth est tellement grand qu’elle comprend que ce que l’Ange a annoncé à Zacharie, son mari, dans le Temple six mois plus tôt. Cela va se réaliser à travers sa cousine Marie. Incroyable mais vrai ! Sacrée famille quand même.
Et de suite Elizabeth interroge : « D’où m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Elle ne dit pas « pourquoi viens-tu ? » ni « comment se fait-il que tu viennes ? » mais bien : « d’où ? » Comme pour dire un lieu, un espace. La parole de bénédiction et de louange proclamée par Elisabeth nous fait entrer dans un espace d’intimité mais qui n'est pas un espace centré sur soi-même, mais un espace ouvert à tous qui va ensuite déclencher le Magnificat de Marie : oui c’est vraiment Noël.
La parole d’Elisabeth est de l’ordre de la confirmation pour Marie. En effet, ces paroles de gratitude et de reconnaissance portent en elles le germe d’une parole d’envoi : Marie entend et reçoit de sa cousine la mission déjà entendue et reçue par l’Ange. Oui, incroyable mais vrai ! Le salut est arrivé. Noël est arrivé. On est bien dans le partage, dans le soutien, c’est vraiment ça la joie de Noël. Pas une joie pour soi seul mais une joie partagée et augmentée par la parole et la joie des autres. Et le mot important dans la bouche d’Elizabeth, c’est : « Heureuse celle qui a cru, » c’est une béatitude, une des premières béatitudes de l’Evangile de Luc. Et c’est une béatitude pour Marie mais c’est aussi une béatitude pour nous. Car heureux sommes-nous aujourd’hui encore de croire que Dieu veut accomplir son œuvre en Marie mais aussi en chacun d’entre nous, et dans notre histoire, au cœur même des combats, au cœur même de nos ténèbres.
Mais nous le savons, cela ne va pas de soi : cette parole à l’œuvre en nous et dans le monde s’affronte aux (mal)entendus entre nous, en fait à toute formes de mal : mal-faisance, c'est-à-dire ce qui fait mal; mal-veillance: ce que nous voyons mal et qui est le contraire des lunettes 3B dont nous avons parlé la semaines passée; la mal-traitance, le mal-heur, la mal-adie, toutes ces formes de mal qui nous mettent dans le combat, qui nous mettent dans le doute, qui nous mettent dans les ténèbres. Mais nous le savons, nous ne sommes pas seuls dans ce combat : c’est Dieu qui combat avec nous et en nous, et qui nous offre sa joie, en particulier à Noël. L’espérance ne déçoit jamais et dans le mystère de cette Visitation, nous voyons combien Dieu est à l’œuvre dans la vie de ces femmes et dans la vie de notre humanité. Elles sont les premières en chemin, elles sont en fait nos ambassadrices pour pouvoir accueillir la grâce de Dieu dans nos propres vies.
Noël ce n'était pas il y a deux mille ans, et ce n'était pas simplement l’année dernière. Noël, c’est tous les jours. Peut-être connaissez-vous ce le chant ancien, ce chant de Noël que chantait John Littleton et composé par Odette Vercruysse.
Souvenez-vous de ces paroles : « C'est Noël chaque fois qu'on essuie une larme dans les yeux d'un enfant. C'est Noël chaque fois qu'on dépose les armes, chaque fois qu'on s'entend. C'est Noël chaque fois qu'on arrête une guerre et qu'on ouvre les mains. C'est Noël chaque fois qu'on force la misère à reculer plus loin ». Et le refrain : « C'est Noël sur la terre chaque jour car Noël, ô mon frère, c'est l'Amour ».
C’est vraiment notre prière pour ce temps de Noël. Nous pouvons demander qu’entre nous et à d’autres niveaux, au niveau mondial, que les guerres cessent et que la misère recule. Mais cela ne peut pas se faire sans nos mains, sans nos cœurs, sans nos pieds, sans nos efforts, sans nos décisions à être plus disponibles pour le Seigneur, plus disponibles pour les autres. Et dans les paroles de ce chant, pas de grandes actions ni de grandes déclarations, il s’agit de dépasser nos petites habitudes stériles, de dépasser nos manières d’être uniquement centrés sur nous-mêmes et de nous ouvrir aux autres.
Alors, dans ces quelques jours qui nous mènent à Noël, choisissons de tenir bon, de tenir ferme dans la prière. N’oublions pas au cœur de toutes nos activés, de garder du temps pour être disponibles pour le Seigneur et d’être disponibles pour les autres.
Choisissons aussi de trouver les moyens de rejoindre les plus isolés, les plus fragiles, de nouveau pas simplement pour gérer notre culpabilité, en croyant que la manière de Dieu, c’est de rencontre les plus fragiles, les plus petits.
Alors prenons les moyens de la rencontre, les moyens de la solidarité, les moyens de la prière, les moyens de l’union entre nous pour pouvoir rendre ce monde meilleur. Prenons le temps de préparer Noël dans notre cœur et avec les autres.
Confiance et courage !



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