Topo - 2ème dimanche de l'Avent

" Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers." Lc 3, 1-6

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Pendant ces quatre semaines, nous vous inviterons à méditer, à prier et à réfléchir à partir du thème : Combattants d'espérance avec Jésus à Noël.

Ecoutons l’évangile de ce deuxième dimanche de l’Avent qui nous fait contempler la figure de Jean le Baptiste et qui nous aide à entendre la bonne nouvelle d’un salut pour toute la création.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc.

L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu.

Texte liturgique © AELF, Paris

Dans cette deuxième semaine de l’Avent, au cœur de ce temps qui nous prépare à Noël, nous prenons le temps de méditer sur la vertu de l’Espérance. Et nous partirons de l’évangile proposé par la liturgie qui nous fait entrer dans la vocation d’un homme habité par la parole de Dieu : Jean le Baptiste. Ce texte est assez étonnant car il se termine par une profession de foi qui est aussi une promesse : “tout être vivant verra le salut de Dieu”. l’évangéliste Luc situe dans le temps et dans l’espace l’irruption de la Parole de Dieu dans la vie de Jean le Baptiste et dans l’histoire de son peuple car Luc nous précise l’année, le nom des chefs politiques et religieux du moment. Nous retrouverons d’ailleurs quelques-uns des personnages et de ces lieux plus loin dans l’évangile de Luc, notamment au moment de la Passion. C’est dans ce contexte précis que la Parole de Dieu est adressée à Jean dans le désert, c’est à dire un peu à distance, loin des bruits du monde, je dirais loin de l’excitation de Noël. Cette parole est venue à Jean comme une invitation à se laisser bousculer. Cette parole on pourrait dire est « exotique », au sens que « elle lui est étrangère », elle le déroute, elle retentit en lui mais pourtant elle n’est pas sienne, elle n’est pas sa propriété. Le prophète témoigne d’une parole plus grande que lui qui le pousse à aller vers les autres pour leur parler tout en s’effaçant ! C’est bien la manière de faire de Dieu : être si présent et en même temps, en toute délicatesse. La tentation peut être présente pour le prophète de se prendre pour Dieu, de parler au nom de Dieu sans vraiment écouter. Et on sent bien que cette tentation peut nous traverser nous aussi.

Pour rappel, le prénom « Jean » signifie « Dieu fait grâce », c’est là toute sa vie, toute sa mission. Et donc il parcourt le pays du Jourdain en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés- car Dieu sauve : le Salut est offert à tous. Il pardonne tous nos péchés et il veut, en particulier à Noel, nous rendre encore plus proche de Lui. C’est en fait une invitation à l’Espérance, croire que malgré les combats, les difficultés, les ténèbres qui nous plongent parfois dans le découragement,Dieu vient à nous et il nous offre sa vie et son pardon. C’est un peu cela l’espérance.

L’espérance, voilà une notion qui n’est pas toujours simple à définir. C’est en effet un plus que l’espoir. Ce n’est pas une technique ou un sentiment pour se dire que cela ira mieux demain ou plus tard et même un peu plus tard dans un paradis imaginaire !

L’espérance, c’est apprendre à voir avec les yeux de la foi les réalités de ce monde parfois troublé et troublant ! C’est apprendre à voir. Un grand poète Charles Péguy dans son oeuvre connu « Le Porche du mystère de la deuxième vertu », publié en 1912, partage une longue méditation sur l’espérance. Il fait parler Dieu avec légèreté, avec humour de la foi, de l’espérance et de la charité ; et il nous invite à contempler la surprise de Dieu lui-même face à la petite vertu, le mystère de l’espérance. Dieu dit : « La foi que j’aime le mieux, c’est l’espérance. Ce qui m'étonne, dit Dieu, c'est l'espérance. Et je n'en reviens pas. Cette petite espérance qui n'a l'air de rien du tout. Cette petite fille espérance. Immortelle. Car mes trois vertus, dit Dieu, les trois vertus mes créatures, mes filles mes enfants, sont elles-mêmes comme mes autres créatures de la race des hommes. L'Espérance est une petite fille de rien du tout. Qui est venue au monde le jour de Noël de l'année dernière. (…) Elle seule, portant les autres, qui traversera les mondes révolus comme l’étoile a conduit les trois rois du fin fond de l’Orient. Vers le berceau de mon fils. Ainsi une flamme tremblante. Elle seule conduira les Vertus et le Monde. Mais l'espérance ne va pas de soi. L'espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bien heureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. La petite espérance s'avance ».

Ce qui me rejoint dans ce poème, c’est de découvrir l’admiration même de Dieu face à cette petite espérance. L'espérance, ça m'étonne, dit Dieu. C’est pourtant ce qui fait l’agir chrétien, cette capacité à voir le monde avec les yeux même de Dieu, à voir le monde avec les yeux de l’amour, malgré la dureté du temps présent.

Ainsi parmi les trois vertus dites théologales, c’est-à-dire fondamentales pour l’être chrétien – la foi, l’espérance et la charité -, l’espérance a une place spéciale, en particulier en temps de combat. C’est justement le thème choisi par le pape pour l’Année Jubilaire qui commence dans quelques semaines.

Le pape constate que la pandémie a mis en relief « le drame de la solitude, l’incertitude et le caractère provisoire de l’existence », d’autant qu’elle a parfois « suscité dans notre esprit le doute, la peur, le désarroi ». Pour lui, le Jubilé pourra favoriser « la recomposition d’un climat d’espérance et de confiance… signe d’une renaissance renouvelée ». La réussite de ce Jubilé, affirme-t-il encore, sera possible « si nous sommes capables de retrouver le sens de la fraternité universelle », « si nous ne fermons pas les yeux sur le drame de la pauvreté croissante ».

Il s’agit d’apprendre à voir le salut de Dieu à l’œuvre autour de nous et en nous comme l’évangile de ce dimanche nous y invite. Apprendre à regarder le monde avec les yeux de Dieu, cela me fait penser au Mouvement Eucharistique des Jeunes, le MEJ, qui propose aux plus jeunes de mettre les lunettes 3B, des lunettes pour voir le beau, le bien, le bon. Il ne s’agit pas d’être des naïfs ni de se désintéresser de ceux qui souffrent, ou de ce qui est difficile, mais Il s’agit d’oser choisir tous les jours et de demander la grâce de nous concentrer sur le bon, le bien, le bon. C’est une décision quotidienne pour ne pas nous laisser envahir par ce qui manque ou ce qui ne va pas bien dans nos vies et qui fait plus de bruit. Cela fait écho à une petite phrase que j’aime bien : “Je ne suis pas responsable de la tête que j’ai, mais je suis responsable de la tête que je fais”.

Durant cette deuxième semaine de l’Avent, je vais prendre la décision tous les jours de mettre ces lunettes 3B : c’est à dire de me rendre plus attentif, attentive à ce qui est beau, ce qui est bon, ce qui est bien; et peut être chaque jour de prendre le temps d’écrire : un clin d’oeil, un clin d’yeux de Dieu, un moment où je ne peux pas douter que Dieu me veut du bien et que Dieu veut du bien dans mes relations; et ce qui sera peut être plus difficile, plus sombre, je prend le temps de le noter pour l’offrir au Seigneur et de Lui demander de m'aider à le traverser avec Lui.

Espérer, c’est prendre la décision de voir ma vie, le monde avec les yeux de Dieu. Non pas de manière naïve mais de manière sérieuse et légère tout à la fois.

Alors confiance et courage.

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