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Warning: Invalid argument supplied for foreach() in /home/mfdqggp/dev/wp-content/themes/pec/templates/kit.php on line 6 Témoignage - Noëlie Djimadoumbaye
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Aujourd’hui, nous avons la joie d’être avec Noëlie Djimadoumbaye. Noélie, tu es sœur Xavière depuis quinze ans, tu es originaire du Tchad, tu es membre du centre de recherche et d’action sociale, le CERAS, et tu es doctorante en théologie morale et pratique. Tes recherches se concentrent sur la question de la conversion écologique. Aujourd’hui, on va retourner le micro et te poser la question que toi même tu as posé à 33 personnes dans le cadre d’entretiens qualitatifs.
Est-ce que tu pourrais nous raconter ton parcours de conversion écologique ?
Mon itinéraire de conversion écologique est assez long. Je vais juste vous présenter trois éléments de cet itinéraire. Mais comme « tableau de fond », il faut savoir que je suis issue d’une famille catholique mais pas très pratiquante et mes grands-parents sont agriculteurs, donc avec un fort lien à la terre. Mes parents travaillent au ministère de l’Agriculture, un autre lien à la terre. A propos des trois éléments que je voudrais vous présenter : Le premier, s’est passé quand j’étais en classe de cinquième grâce à un de mes professeurs jésuites qui revenait de la Terre sainte. J’ai alors pris conscience que Jérusalem, Palestine était bien sur cette terre. Alors qu’avant, comme je le disais, venant d’une famille très peu pratiquante, je pensais que les histoires des évangiles étaient un peu comme des mythes, des contes qui étaient très importants. Mais là, j’étais émerveillée de découvrir que Dieu s’était incarné sur cette terre. Le Fils de Dieu, a habité cette terre et l’aime. Donc j’ai vécu là pour moi quelque chose du mystère de l’Incarnation très concrètement. La deuxième chose que je voudrais vous partager de mon chemin, c’est après le bac, quand j’ai choisi de faire des études de géographie. La géographie physique m’a vraiment ébloui, lorsque j’ai découvert cette histoire de la formation de la terre. Pour moi, c’était alors comme une troisième naissance : Naître de la terre, après être née d’une femme et être née de Dieu par les eaux du baptême. Mais quand je me suis plongée dans la géographie humaine, j’étais plutôt triste, plutôt dans la désolation, parce que je voyais les inégalités, les stratégies de violence, de domination entre les hommes. Les villes incarnaient pour moi toutes ces violences et ces inégalités. Même si j’aimais beaucoup la géographie physique, j’ai senti là un appel à aller vers vers la géographie urbaine, pour apporter ma petite contribution, pour ainsi rendre les villes habitables, aimantes et aimables. Mais en 2017-2018, quelque chose va s’opérer pour moi de manière différente, un grand déplacement. La publication de Laudato Si, et la tenue de la COP21, m’ont laissé dans un grand désespoir du fait de l’inertie générale que j’observais. Les attentes que nourrissaient pour moi ces deux événements étaient tombés un peu en désuétude. Une question m’habitait : Pourquoi cette inertie générale alors que nous avons vraiment une grande conscience de la crise écologique ? Et c’est ainsi qu’un jour, en priant avec le récit de Saint Ignace sur l’Incarnation, mon regard va être changé, va se déplacer. Saint Ignace nous emmène à regarder la Trinité qui regarde toute la surface de la terre avec tout ce qu’elle contient : les hommes dans leur grande diversité, ceux qui vont bien, ceux qui ne vont pas bien, les guerres, ceux qui sont en paix, ceux qui sont malades, ceux qui meurent. Mais surtout, Ignace nous fait voir le monde qui va à sa perte dans un grand aveuglement. Et alors, la Trinité décide de faire la rédemption de la Terre en choisissant que le Fils s’incarne. Mais pour que cette incarnation puisse se faire. Il va falloir recourir à la disponibilité de quelqu’un, de Marie, qui va dire oui. Et du coup, pour moi, quand j’ai commencé moi aussi à regarder notre terre comme la Trinité la regarde, je vois tous cette désolation. Tout ce que les scientifiques et « Laudato Si » racontent au premier chapitre. Mais je me suis aussi surprise à regarder et à voir des gens qui, comme Marie, sont disponibles et qui disent oui au projet de rédemption de la Trinité, des personnes qui disent oui au Royaume qui vient. Et je me suis mise à rendre grâce pour ces personnes. Et plus je rendais grâce pour ces personnes et plus j’en voyais d’autres. Et il y a, finalement, comme une multitude de personnes qui disent oui, qui se mettent en marche. Et alors je suis passée progressivement, jour après jour, mois après mois, de la colère, la révolte, la tristesse à l’émerveillement et à l’action de grâce. Et ma question de départ, qui était de savoir pourquoi cette inertie, s’est transformée. Pour mon mémoire de master, pour la thèse, je me suis plutôt orientée vers les personnes qui s’engagent, qui se mettent en conversion écologie, avec un focus sur ce changement de regard, regarder vers la vie qui vient, regarder vers ce projet de rédemption et dire oui à mon tour, et à encourager les autres à dire oui à ce projet.
Dans notre retraite. Terre promise justement, on essaye de s’encourager les uns les autres à dire oui à ce projet de rédemption pour le monde et peut-être qu’un bon nombre d’entre nous est déjà sensibilisé aux questions écologiques a déjà mis en place des actions concrètes dans sa vie qui veulent répondre à ces enjeux. Quelle est la différence entre cette attitude et une véritable conversion écologique ?
Justement, dans ma thèse, j’ai réfléchi vraiment à la question de la conversion. La conversion, c’est plus que faire des choses, c’est une manière d’être et d’être en relation. Et donc, dans les récits des personnes que j’ai interrogées, il y a plusieurs manières d’exprimer la conversion. Et le plus souvent, quand je demande aux gens de me raconter leur itinéraire de conversion. Certaines personnes me disent qu’elles n’ont pas connu de conversions parce qu’elles ont en tête un modèle type de conversion, qui est celle de passer de quelque chose à une autre complètement différente en un laps de temps. Alors que quand des personnes commencent à me raconter leur itinéraire, on voit que c’est plutôt un processus, quelque chose qui se fait petit à petit. Et cela peut prendre plusieurs formes : La conversion, ça touche vraiment à l’être. C’est une transformation dans la manière d’être de la personne. Mais cette transformation peut venir aussi des choses à faire. Donc, en commençant à trier ses déchets, en commençant à planter quelques fleurs…, il y a quelque chose d’une expérience spirituelle au sens large, d’une quête de sens qui s’ouvre et qui permet de se poser des questions sur sa manière d’être en relation avec soi-même, avec les autres, avec les choses, avec Dieu et ainsi de suite. Donc, je dirais que faire des choses fait partie de l’itinéraire de conversion, mais cela ne suffit pas. La conversion en tant que telle devrait amener à une transformation vraiment au niveau de la manière d’être. Mais les deux sont liés quand une transformation s’opère au niveau de la manière d’être. Cela se ressent aussi dans la manière de faire des choses. Et quand on est vraiment attentif à la manière de faire des choses, cela finit aussi par nous poser des questions de sens : Au niveau de notre foi, au niveau de notre relation à Dieu, aux autres, et ainsi de suite. Donc, la conversion, je la placerai vraiment au niveau de la transformation.
Cette semaine, on a médité le texte du départ d’Abraham. Abraham qui, du coup, est appelé à vivre une transformation par le voyage. On a compris que la conversion était un long processus. Est-ce que tu aurais l’idée de quelque chose qui pourrait être un premier pas ? Une action qui pourrait être une mise en route sur ce chemin.
En général, on se met en route parce qu’on a entendu un appel, parce que quelque chose nous attire ou parce qu’on désire quelque chose, ou parce que ce qu’on vit ne nous satisfait pas vraiment. Donc se mettre en route, demande d’être à l’écoute de ce qui nous attire, du désir qui nous habite, de là où on veut aller. Parfois, c’est plutôt les autres qui nous appellent, donc c’est aussi avoir une attention à ce que me disent les autres. En fait, c’est très difficile de commencer à se mettre en route écologiquement parce que l’enjeu est vraiment très grand, et on peut se sentir complètement démuni. On peut se poser la question de savoir « Quelle est la bonne porte vers laquelle il faut commencer, quelle est l’action qui va être la plus efficace ? » Se mettre en route demande beaucoup d’humilité et nécessite de commencer par de petites choses. Et pour faire un clin d’œil à l’Évangile, je dirai que « la petite chose », c’est de commencer par entrer par la porte étroite. Comment par une petite chose, qui est significatif pour nous, qui nous parle, quelque chose qui nous donne de l’élan. Et il faut commencer par cette petite chose, car la conversion est un processus. Et comme je le disais, j’ai interrogé des « personnes en conversion écologique », je ne dis pas des personnes « converties » parce que converties, on parlerait de quelque chose d’achevé. La conversion n’est jamais achevée. Donc ces personnes, qui ont commencé à poser un pas et qui poseront d’autres pas à la suite de ce premier pas. Donc commencer par quelque chose de modeste, mais qui est significatif, et de se dire que quand on commence ce pas, cela ouvre d’autres pas ou d’autres portes qui nous emmèneront plus loin. Si on ne peut pas le faire personnellement, ce serait bien de rejoindre d’autres. Et comme je le dis, quand on commence à regarder autour de soi, il y a beaucoup de personnes qui sont déjà engagées. Rejoindre ces personnes permet aussi de pouvoir se mettre en route.
Et est-ce que tu pourrais nous donner un exemple de ce qui pourrait consister en un premier pas ?
Alors quel exemple de petit pas ? En fait, chacun peut vraiment trouver son petit pas. Pour quelqu’un, ça peut être de l’ordre du quotidien, des petites choses, du quotidien. Par exemple, j’aime cuisiner, alors peut-être que je peux me donner un peu plus de temps pour faire la cuisine. Ça peut être au niveau du travail peut-être, qu’il y a un travail que j’aime, pour lequel je n’ai pas eu l’occasion de m’y investir, d’y aller ; Ça peut être au niveau ecclésial, quelque chose d’être avec les autres ou quelque chose autour de la fraternité, de l’amitié, s’ouvrir à d’autres, à la diversité. Quelque chose qu’on aime, parce qu’au niveau de l’écologie, on pense spontanément à la contrainte, à l’obligation. Oui, il y a la contrainte et l’obligation, mais pour pouvoir se dynamiser, c’est important de commencer par quelque chose qu’on aime. Et quand on a fait l’expérience de la bonté de ces choses, cela nous permet d’aller là où on ne voudrait pas aller, de pouvoir faire ce qui est plus difficile Parfois, ce qui nous fait avancer aussi, ce sont des questions. Est-ce que toi Noëlie, il y a une question qui t’a justement mis en route et qui continue de te donner envie d’aller plus haut, plus loin et qui soutient ta motivation ? Je peux vous partager une question qui est pour moi toujours présente. A la veille de mon baptême, j’avais 17 ans, le curé de ma paroisse m’a posé cette question, qu’il a posé à tous ceux qui allaient être baptisés : « L’Église catholique fait de toi aujourd’hui un enfant bien aimé de Dieu, pour un si grand don, qu’est-ce que tu peux faire pour exprimer par reconnaissance à Dieu ? ».
On en arrive déjà à la fin de cette interview et un peu de la même manière que pour la question. On voulait te demander s’il y avait un verset biblique qui t’inspirait et qui te parlait de la place de Dieu dans ton engagement ?
Oui, j’aime beaucoup ce passage entre Jésus et l’homme riche. On le trouve en Marc 10, 21. « Jésus pose son regard sur lui et l’aima ». Le regard d’amour de Dieu a une grande épaisseur dans ma vie, me regarder, regarder les autres, les créatures, comme Dieu les regarde avec amour, c’est une source d’émerveillement, mais aussi de combat, un bon combat, un combat qui en vaut la peine.
Chaque semaine de cette retraite de Carême. Nous rencontrons une personne inspirante qui nous raconte son parcours de conversion écologique. Nous cherchons aussi à comprendre en quoi sa foi chrétienne soutient son engagement pour un monde plus juste et plus respectueux de la terre et de ses habitants Écoutons d’abord, puis prenons un temps d’intériorité pour laisser son témoignage faire écho en nous.
Aujourd’hui, nous avons la joie d’être avec Noëlie Djimadoumbaye. Noélie, tu es sœur Xavière depuis quinze ans, tu es originaire du Tchad, tu es membre du centre de recherche et d’action sociale, le CERAS, et tu es doctorante en théologie morale et pratique. Tes recherches se concentrent sur la question de la conversion écologique. Aujourd’hui, on va retourner le micro et te poser la question que toi même tu as posé à 33 personnes dans le cadre d’entretiens qualitatifs.
Est-ce que tu pourrais nous raconter ton parcours de conversion écologique ?
Mon itinéraire de conversion écologique est assez long. Je vais juste vous présenter trois éléments de cet itinéraire. Mais comme « tableau de fond », il faut savoir que je suis issue d’une famille catholique mais pas très pratiquante et mes grands-parents sont agriculteurs, donc avec un fort lien à la terre. Mes parents travaillent au ministère de l’Agriculture, un autre lien à la terre. A propos des trois éléments que je voudrais vous présenter : Le premier, s’est passé quand j’étais en classe de cinquième grâce à un de mes professeurs jésuites qui revenait de la Terre sainte. J’ai alors pris conscience que Jérusalem, Palestine était bien sur cette terre. Alors qu’avant, comme je le disais, venant d’une famille très peu pratiquante, je pensais que les histoires des évangiles étaient un peu comme des mythes, des contes qui étaient très importants. Mais là, j’étais émerveillée de découvrir que Dieu s’était incarné sur cette terre. Le Fils de Dieu, a habité cette terre et l’aime. Donc j’ai vécu là pour moi quelque chose du mystère de l’Incarnation très concrètement. La deuxième chose que je voudrais vous partager de mon chemin, c’est après le bac, quand j’ai choisi de faire des études de géographie. La géographie physique m’a vraiment ébloui, lorsque j’ai découvert cette histoire de la formation de la terre. Pour moi, c’était alors comme une troisième naissance : Naître de la terre, après être née d’une femme et être née de Dieu par les eaux du baptême. Mais quand je me suis plongée dans la géographie humaine, j’étais plutôt triste, plutôt dans la désolation, parce que je voyais les inégalités, les stratégies de violence, de domination entre les hommes. Les villes incarnaient pour moi toutes ces violences et ces inégalités. Même si j’aimais beaucoup la géographie physique, j’ai senti là un appel à aller vers vers la géographie urbaine, pour apporter ma petite contribution, pour ainsi rendre les villes habitables, aimantes et aimables. Mais en 2017-2018, quelque chose va s’opérer pour moi de manière différente, un grand déplacement. La publication de Laudato Si, et la tenue de la COP21, m’ont laissé dans un grand désespoir du fait de l’inertie générale que j’observais. Les attentes que nourrissaient pour moi ces deux événements étaient tombés un peu en désuétude. Une question m’habitait : Pourquoi cette inertie générale alors que nous avons vraiment une grande conscience de la crise écologique ? Et c’est ainsi qu’un jour, en priant avec le récit de Saint Ignace sur l’Incarnation, mon regard va être changé, va se déplacer. Saint Ignace nous emmène à regarder la Trinité qui regarde toute la surface de la terre avec tout ce qu’elle contient : les hommes dans leur grande diversité, ceux qui vont bien, ceux qui ne vont pas bien, les guerres, ceux qui sont en paix, ceux qui sont malades, ceux qui meurent. Mais surtout, Ignace nous fait voir le monde qui va à sa perte dans un grand aveuglement. Et alors, la Trinité décide de faire la rédemption de la Terre en choisissant que le Fils s’incarne. Mais pour que cette incarnation puisse se faire. Il va falloir recourir à la disponibilité de quelqu’un, de Marie, qui va dire oui. Et du coup, pour moi, quand j’ai commencé moi aussi à regarder notre terre comme la Trinité la regarde, je vois tous cette désolation. Tout ce que les scientifiques et « Laudato Si » racontent au premier chapitre. Mais je me suis aussi surprise à regarder et à voir des gens qui, comme Marie, sont disponibles et qui disent oui au projet de rédemption de la Trinité, des personnes qui disent oui au Royaume qui vient. Et je me suis mise à rendre grâce pour ces personnes. Et plus je rendais grâce pour ces personnes et plus j’en voyais d’autres. Et il y a, finalement, comme une multitude de personnes qui disent oui, qui se mettent en marche. Et alors je suis passée progressivement, jour après jour, mois après mois, de la colère, la révolte, la tristesse à l’émerveillement et à l’action de grâce. Et ma question de départ, qui était de savoir pourquoi cette inertie, s’est transformée. Pour mon mémoire de master, pour la thèse, je me suis plutôt orientée vers les personnes qui s’engagent, qui se mettent en conversion écologie, avec un focus sur ce changement de regard, regarder vers la vie qui vient, regarder vers ce projet de rédemption et dire oui à mon tour, et à encourager les autres à dire oui à ce projet.
Dans notre retraite. Terre promise justement, on essaye de s’encourager les uns les autres à dire oui à ce projet de rédemption pour le monde et peut-être qu’un bon nombre d’entre nous est déjà sensibilisé aux questions écologiques a déjà mis en place des actions concrètes dans sa vie qui veulent répondre à ces enjeux. Quelle est la différence entre cette attitude et une véritable conversion écologique ?
Justement, dans ma thèse, j’ai réfléchi vraiment à la question de la conversion. La conversion, c’est plus que faire des choses, c’est une manière d’être et d’être en relation. Et donc, dans les récits des personnes que j’ai interrogées, il y a plusieurs manières d’exprimer la conversion. Et le plus souvent, quand je demande aux gens de me raconter leur itinéraire de conversion. Certaines personnes me disent qu’elles n’ont pas connu de conversions parce qu’elles ont en tête un modèle type de conversion, qui est celle de passer de quelque chose à une autre complètement différente en un laps de temps. Alors que quand des personnes commencent à me raconter leur itinéraire, on voit que c’est plutôt un processus, quelque chose qui se fait petit à petit. Et cela peut prendre plusieurs formes : La conversion, ça touche vraiment à l’être. C’est une transformation dans la manière d’être de la personne. Mais cette transformation peut venir aussi des choses à faire. Donc, en commençant à trier ses déchets, en commençant à planter quelques fleurs…, il y a quelque chose d’une expérience spirituelle au sens large, d’une quête de sens qui s’ouvre et qui permet de se poser des questions sur sa manière d’être en relation avec soi-même, avec les autres, avec les choses, avec Dieu et ainsi de suite. Donc, je dirais que faire des choses fait partie de l’itinéraire de conversion, mais cela ne suffit pas. La conversion en tant que telle devrait amener à une transformation vraiment au niveau de la manière d’être. Mais les deux sont liés quand une transformation s’opère au niveau de la manière d’être. Cela se ressent aussi dans la manière de faire des choses. Et quand on est vraiment attentif à la manière de faire des choses, cela finit aussi par nous poser des questions de sens : Au niveau de notre foi, au niveau de notre relation à Dieu, aux autres, et ainsi de suite. Donc, la conversion, je la placerai vraiment au niveau de la transformation.
Cette semaine, on a médité le texte du départ d’Abraham. Abraham qui, du coup, est appelé à vivre une transformation par le voyage. On a compris que la conversion était un long processus. Est-ce que tu aurais l’idée de quelque chose qui pourrait être un premier pas ? Une action qui pourrait être une mise en route sur ce chemin.
En général, on se met en route parce qu’on a entendu un appel, parce que quelque chose nous attire ou parce qu’on désire quelque chose, ou parce que ce qu’on vit ne nous satisfait pas vraiment. Donc se mettre en route, demande d’être à l’écoute de ce qui nous attire, du désir qui nous habite, de là où on veut aller. Parfois, c’est plutôt les autres qui nous appellent, donc c’est aussi avoir une attention à ce que me disent les autres. En fait, c’est très difficile de commencer à se mettre en route écologiquement parce que l’enjeu est vraiment très grand, et on peut se sentir complètement démuni. On peut se poser la question de savoir « Quelle est la bonne porte vers laquelle il faut commencer, quelle est l’action qui va être la plus efficace ? » Se mettre en route demande beaucoup d’humilité et nécessite de commencer par de petites choses. Et pour faire un clin d’œil à l’Évangile, je dirai que « la petite chose », c’est de commencer par entrer par la porte étroite. Comment par une petite chose, qui est significatif pour nous, qui nous parle, quelque chose qui nous donne de l’élan. Et il faut commencer par cette petite chose, car la conversion est un processus. Et comme je le disais, j’ai interrogé des « personnes en conversion écologique », je ne dis pas des personnes « converties » parce que converties, on parlerait de quelque chose d’achevé. La conversion n’est jamais achevée. Donc ces personnes, qui ont commencé à poser un pas et qui poseront d’autres pas à la suite de ce premier pas. Donc commencer par quelque chose de modeste, mais qui est significatif, et de se dire que quand on commence ce pas, cela ouvre d’autres pas ou d’autres portes qui nous emmèneront plus loin. Si on ne peut pas le faire personnellement, ce serait bien de rejoindre d’autres. Et comme je le dis, quand on commence à regarder autour de soi, il y a beaucoup de personnes qui sont déjà engagées. Rejoindre ces personnes permet aussi de pouvoir se mettre en route.
Et est-ce que tu pourrais nous donner un exemple de ce qui pourrait consister en un premier pas ?
Alors quel exemple de petit pas ? En fait, chacun peut vraiment trouver son petit pas. Pour quelqu’un, ça peut être de l’ordre du quotidien, des petites choses, du quotidien. Par exemple, j’aime cuisiner, alors peut-être que je peux me donner un peu plus de temps pour faire la cuisine. Ça peut être au niveau du travail peut-être, qu’il y a un travail que j’aime, pour lequel je n’ai pas eu l’occasion de m’y investir, d’y aller ; Ça peut être au niveau ecclésial, quelque chose d’être avec les autres ou quelque chose autour de la fraternité, de l’amitié, s’ouvrir à d’autres, à la diversité. Quelque chose qu’on aime, parce qu’au niveau de l’écologie, on pense spontanément à la contrainte, à l’obligation. Oui, il y a la contrainte et l’obligation, mais pour pouvoir se dynamiser, c’est important de commencer par quelque chose qu’on aime. Et quand on a fait l’expérience de la bonté de ces choses, cela nous permet d’aller là où on ne voudrait pas aller, de pouvoir faire ce qui est plus difficile Parfois, ce qui nous fait avancer aussi, ce sont des questions. Est-ce que toi Noëlie, il y a une question qui t’a justement mis en route et qui continue de te donner envie d’aller plus haut, plus loin et qui soutient ta motivation ? Je peux vous partager une question qui est pour moi toujours présente. A la veille de mon baptême, j’avais 17 ans, le curé de ma paroisse m’a posé cette question, qu’il a posé à tous ceux qui allaient être baptisés : « L’Église catholique fait de toi aujourd’hui un enfant bien aimé de Dieu, pour un si grand don, qu’est-ce que tu peux faire pour exprimer par reconnaissance à Dieu ? ».
On en arrive déjà à la fin de cette interview et un peu de la même manière que pour la question. On voulait te demander s’il y avait un verset biblique qui t’inspirait et qui te parlait de la place de Dieu dans ton engagement ?
Oui, j’aime beaucoup ce passage entre Jésus et l’homme riche. On le trouve en Marc 10, 21. « Jésus pose son regard sur lui et l’aima ». Le regard d’amour de Dieu a une grande épaisseur dans ma vie, me regarder, regarder les autres, les créatures, comme Dieu les regarde avec amour, c’est une source d’émerveillement, mais aussi de combat, un bon combat, un combat qui en vaut la peine.
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