Vers le Dimanche 19 juin 2022
Vers le Dimanche du Saint-Sacrement – Année C

Jésus fait route à travers villes et villages, accompagné des Douze, de quelques femmes et de beaucoup d’autres. Sa renommée se répand et la foule, à sa suite, se fait de plus en plus pressante. Il emmène les Douze, de retour de mission, à l’écart pour se reposer. Mais la foule ne l’entend pas ainsi et lui emboîte le pas. Comme chaque fois, Jésus l’accueille. Il proclame le règne de Dieu, enseigne et guérit. Je me glisse dans la foule. Je regarde, j’écoute Jésus avec grande attention. Que dit-il de cette Bonne Nouvelle, qui est aussi pour moi ? De quoi ai-je besoin d’être guéri(e) ? Je le lui confie dans ma prière.   

Le jour commence à baisser. Les disciples pressentent que ces gens vont avoir besoin de se restaurer. Une agitation prend place dans leurs cœurs. Comment les nourrir ? Les loger ? L’endroit est désert. Il faut vite les renvoyer ! « Ne vous faites donc pas tant de souci… votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6, 31-34). Je m’arrête un instant. Quelle préoccupation me tourmente aujourd’hui ? Je l’offre au Seigneur et lui demande de m’en libérer.

« Donnez-leur vous-mêmes à manger ». C’est l’invitation de Jésus à ses disciples. Mais quelle invitation ! Une jeune maman allaitant son enfant, une hirondelle donnant la becquée à ses oisillons témoignent tout autant de la fragilité des uns que de la force des autres. Dans ce beau mouvement d’un donner-recevoir, la vie se transmet, se déploie. Mystère et merveille, tout à la fois. Je me laisse traverser par ces images. Je rends grâce à Dieu pour sa création et pour la vie qu’il nous donne en plénitude. 

Il y a au moins cinq mille hommes et les disciples n’ont pas plus de cinq pains et deux poissons. Que faire de si peu pour un si grand nombre ? Et comment faire ? Aller eux-mêmes acheter la nourriture ? Et pour tout ce monde ? La demande de Jésus est surprenante. La ville est éloignée. Le réalise-t-il ? Le découragement pourrait-il les guetter devant l’énormité de cette mission ? Jésus entend leur crainte et ne les laisse pas seuls avec. Je pense à tous ceux, hommes et femmes, engagés dans des associations d’aide alimentaire et je demande au Seigneur de leur donner courage et force.

Jésus oblige ses disciples à l’action. Il n’est plus temps de parler, il faut agir : « Faites-les asseoir ». Il les invite à collaborer à son œuvre et leur donne des directives précises. Eux-mêmes s’exécutent. « Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande » (Jn 15, 14). Et ce que Jésus nous commande, c’est de nous aimer les uns les autres. Envers qui ai-je manqué d’amour ? Quelle parole ai-je prononcée, quel geste ai-je posé qui m’éloigne de cet amour du frère ? Je demande pardon au Seigneur pour mes manquements.

Jésus se saisit de la réalité telle qu’elle est, prend les cinq pains et les deux poissons et les transforme en une abondance qui nourrit chacun, en une surabondance même, dont on remplit encore douze paniers. Simplement, discrètement. Pour cela, il lève les yeux au ciel, se tourne vers son Père en toute confiance, dans une prière de louange et d’action de grâce. Quelle attitude puis-je adopter quand quelque chose vient à me manquer ? Je demande au Seigneur la grâce d’accueillir ce qui est là, maintenant, et de lui faire toute confiance.

« Moi, je suis le pain de la vie » (Jn, 6, 48). Comme cette foule, à qui Jésus parle du Royaume avant de lui offrir une nourriture qui annonce le don de sa vie, nous voilà rassemblés, aujourd’hui, pour être nourris d’une parole qui prend chair, pour communier au Corps et au Sang du Christ. Si boire et manger sont les tous premiers besoins de notre corps, l’Eucharistie, elle, est la source première de toute vie baptismale. À la suite de Paul, nous sommes invités à transmettre Celui que nous recevons. Et à chanter à pleine voix : « Devenez ce que vous recevez, devenez le Corps du Christ » car « rassasiés par le pain de vie, nous n’avons qu’un cœur et qu’une âme. Fortifiés par l’amour du Christ, nous pouvons aimer comme il aime ».